Que de fois avons-nous entendu ou lu, depuis le 11 mars 2011, jour du fameux tremblement de terre au Japon, des éloges sur le courage du peuple japonais, sa résilience, sa détermination, son caractère paisible malgré la catastrophe vécue et la menace nucléaire encore plus grave ! Comme tout le monde, j’ai été particulièrement touché par le caractère pacifique, la patience de ces gens vus et entendus dans les reportages à la télévision.
Dans les supermarchés où les produits se font rares, les gens forment des files d’attente ordonnées. Dans les reportages étrangers, on ne voit pratiquement pas de scènes d’émeutes ou de pillages. Ce n’est pas la première fois que les médias étrangers soulignent le sang-froid dont les Japonais font preuve alors que leur pays est plongé dans une crise sans précédent. (Source)
Cela fait contraste avec les peuples de l’Occident et même ceux du Moyen-Orient. J’entends de plusieurs personnes ici comment nous n’hésiterions pas à manifester, à regimber contre le gouvernement, à jeter les torts à l’un comme à l’autre, peut-être même à piller pour se procurer par soi-même ce qui nous semblerait être notre dû… Il est évident qu’il existe une culture asiatique que le Japon manifeste à son sommet. D’où leur vient une telle maîtrise devant des situations aussi catastrophiques ?
D’abord, il faut reconnaître que les Japonais ont subi plus souvent qu’à leur tour des situations très graves, qu’on pense à Hiroshima ou au tremblement de terre de 1995 à Kobe. Ils ont appris, selon leurs propres dires, à être un peuple qui sait se serrer les coudes.
Mais je pense que l’une des propriétés les plus éloquentes du peuple japonais réside dans son caractère religieux. Malgré qu’il compte parmi les pays les plus avancés au plan des techniques et de la science, le Japon n’a jamais quitté ses racines religieuses. Les Japonais ont conservé leur attachement profond à leur compréhension du monde qui implique un respect de la nature et de ses forces, le respect des ancêtres et des traditions, le souci du bien commun, tout cela a contribué à les préparer mieux que quiconque pour cette nouvelle catastrophe qu’ils doivent traverser.
La religion au Japon est présente presque à chaque coin de rue. En fait il est quasiment impossible de dissocier religion et croyance, foi et conformisme social, rite et coutume. Il n’existe pas une, mais plusieurs religions chacune d’entre elles pouvant se diviser en plusieurs courants s’influençant les unes les autres. (Source)
Le Shintoïsme est la principale religion des Japonais et ses origines sont aussi anciennes que le christianisme, même si c’est surtout au VIIe siècle qu’il a dû préciser son identité. Les croyants de la religion shintô croient que les éléments de la nature sont animés par les dieux (kami) et que la manière de vivre contribue à s’assurer de leur bienveillance. Ils considèrent quatre principes fondamentaux : le respect des traditions, l’harmonie familiale, le respect de la nature et la recherche de la paix. S’ajoute à cela notamment la notion de travail qui étonne tant les occidentaux, car pour les Japonais la vie est synonyme de travail.
Le bouddhisme zen est également très répandu. Il se propose de voir le monde tel qu’il est, avec un esprit exempt de toute pensée ou de tout sentiment. Nous utilisons très souvent cette expression « rester zen » pour inviter à ne pas trop s’énerver devant les situations extérieures, quelles qu’elles soient.
Enfin, il y a le christianisme qui est aussi présent au Japon, peut-être davantage dans la culture que dans les statistiques (1% de la population). Mais le christianisme a surtout marqué la culture japonaise par son souci de la charité et donc de la solidarité. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement au sein des communautés chrétiennes qui mettent des services d’aide aux sinistrés.
Ces trois religions présentent des éléments qui sont si fortement ancrés dans la culture japonaise qu’ils ne peuvent que contribuer à leur état d’esprit devant les catastrophes et à susciter les exclamations des occidentaux que nous sommes.
Le reporter de Radio-Canada, Etienne Leblanc, le jour de son départ du Japon, écrivait ceci sur son fil Twitter :
Mon séjour au #japon se termine aujourd’hui. Hommage à tous les Japonais patients, résilients, empathiques, solidaires. Je reviendrai.
L’émission Une heure sur terre avec Jean-François Lépine sera consacrée au Japon ce vendredi 25 mars. L’orchestre symphonique de Montréal, avec Kent Nagano, son chef, « notre » Japonais le plus célèbre, seront de la partie pour solliciter les téléspectateurs à faire un don. À ne pas manquer.