Lorsque Warren Buffet a proposé que l’État cesse de « cajoler » les riches, il a fait peut-être fait entrer dans l’histoire un germe de révolution. Voilà que le troisième homme le plus riche de la planète aura peut-être trouvé comment on fait passer un chameau par le chas d’une aiguille, ce minuscule trou par lequel on enfile un fil tout aussi invisible (cf. cette explication d’une parabole de Jésus). Ce monsieur immensément riche et célèbre, donc, reconnaît que son taux d’imposition n’est pas juste par rapport aux 99,5% des travailleurs de la planète qui paient l’impôt sur le revenu.
Si vous faites de l’argent avec de l’argent, comme le font certains de mes amis super-riches, votre pourcentage [d’imposition] pourra même être encore plus bas que le mien. Mais si vous gagnez votre vie avec un travail, votre pourcentage sera supérieur au mien, et sans doute de beaucoup. […] Mes amis et moi avons été cajolés pendant trop longtemps par un Congrès ami des millionnaires. Il est temps que notre gouvernement devienne sérieux sur le partage des sacrifices. Warren Buffet
Je vois dans cette offre de la part d’un multi-milliardaire influent non pas une bonne, mais une excellente nouvelle. Devant l’ampleur de la crise économique mondiale, pour la première fois, sans honte, un richissime homme d’affaires admet que les politiciens n’ont pas eu le courage de lui réclamer, à lui et à ses semblables, leur juste part de sacrifices. Il n’en fallait pas plus pour que Barack Obama prenne la perche tendue et commence à répéter ce qui lui a été dicté par le gourou de la finance.
Docteur, je suis riche…
Les fortunes personnelles comme celles de Buffet, Bill Gates et d’autres auxquelles on pourrait ajouter celles des dictateurs exilés, sont si considérables qu’il semble impossible au commun des mortels d’imaginer qu’on puisse arriver à dépenser de telles sommes en une seule vie. Personne ne peut dépenser autant d’argent pour lui-même et sa famille, ce qui est l’objectif habituel du travail. Même après avoir investi de l’argent dans des entreprises, une grande partie finit par dormir dans des paradis fiscaux. Heureusement, encore à l’initiative de M. Buffet et Bill Gates, 40 milliardaires se sont engagés à verser la moitié de leur fortune à des oeuvres caritatives. En clair, cela signifie qu’ils évaluent qu’au moins la moitié de leur fortune ne leur servira jamais!
Peut-on arriver à un état tel de trop-plein sans qu’on en vienne à se retourner en arrière pour voir comment on est arrivé là? Le mode de vie des ultra-riches est un modèle pour une grande partie des habitants de la terre (rappelons-nous les séries Dallas et Dynastie). Il s’ensuit que nous faisons des choix en conséquence même si, comme pour la loterie, une infime minorité seulement y parviendront. La dévastation provoquée par un mode de vie du « toujours plus pour moi » et « tant pis pour les autres » ne peut conduire qu’à des catastrophes financières et humanitaires encore plus désastreuses que celles que nous avons connues récemment. Sur un plan personnel, ces crises affectent réellement ceux qui n’ont pas ou qui ont juste ce qu’il faut pour vivre et ceux également de la classe moyenne qui ont un peu plus mais qui doivent payer des impôts pour tous les autres. Dans les cas des riches et des ultra-riches, ce n’est qu’un mince surplus qu’ils perdent au passage et qui allège la conscience comme une petite perte de poids allège la panse.
… mais je me soigne
Je ne peux donc que me réjouir du fait que M. Buffet et quelques-uns de ses amis ultra-riches commencent à regarder en bas et à considérer qu’il n’est peut-être pas trop tard pour penser au bien-commun. Si tous les milliardaires du monde en faisaient autant, c’est autour de 2 300 milliards de dollars qui retourneraient à des oeuvres de charité. Si chaque million de revenu gagné en une année était taxé comme il se doit, les gouvernements trouveraient une nouvelle marge de manoeuvre pour développer l’économie et se montrer plus généreux avec la solidarité nationale. Avec autant d’argent, il est possible d’imaginer le règlement définitif de la grande pauvreté et des problèmes humanitaires causés par les inégalités.
Rien n’est fait, bien entendu, car rien n’est si simple. Et après les promesses, il faut encore attendre les actions. Mais dans le contexte de la crise qu’on connaît, toute dose d’espoir est bonne à prendre.
Ne confondez pas communication et vérité. Les riches ne consentent à un début de participation que parce qu’ils sentent que le système qui les enrichis est en pleine agonie. Ils ne fond donc que tenter de sauver leurs revenus, quand ils consentent à participer au renflouement des banques…
Tout pour ne pas qu’on remette en question la mondialisation !
Bonjour CJ. Merci d’avoir lu et commenté. Bien sûr, vous avez parfaitement raison! Mais j’avais envie de regarder cette nouvelle avec des lunettes optimistes. L’histoire de Zachée ne dit pas si ce dernier a bel et bien donné la moitié de sa fortune aux pauvres, mais ça n’empêche pas Jésus de se réjouir devant la prise de conscience de ce dernier. Et même si ce n’était que pour leurs propres intérêts, au final, si quelques-uns de ces ultra-riches commencent à montrer l’exemple d’un partage de leurs biens, le bien finira bien par y trouver son chemin!
Bonjour Jocelyn, moi-aussi j’espère que cette déclaration de m. Buffet était sincère et que cet élan de charité se concrétisera, suivi par les nombreux autres richissimes de ce monde.
Il est certain que les hyper riches semblent vivre sur une autre planète que la nôtre, car tous les jours nous assistons, impuissants, aux famines de par le monde à travers les images d’enfants agonisants et les mères éplorées qui m’arrachent le coeur à chaque fois.
Ces injustices existent depuis que ce monde est monde et les enseignements de Jésus-Christ s’avèrent encore et toujours d’actualité.
Est-ce que m. Buffet, qui avance en âge, commence à prendre conscience de la Vraie Vie qui l’attend après celle-ci? Commence-t-il à comptabiliser ses actes plutôt que sa fortune?
Merci pour ce billet riche d’espoir.
D’après moi, la révolution n’arrivera pas par les milliardaires. Que quelques uns d’entre eux aient des propos intelligents, je veux bien mais pour le reste, un milliardaire généreux, j’y crois pas du tout..
Souvent, avec leurs dons, ils s’achètent du pouvoir, ne soyons pas dupes…
Bonjour Koval,
Pour moi aussi, c’est dur à croire, d’où cette analogie avec le chas d’une aiguille par lequel on peut faire entrer un chameau plus facilement que des riches dans le royaume de Dieu! Jésus avait de ces images fortes, quand même…
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